Les contes et légendes de la vallée de Bethmale

Il existe plusieurs versions des contes et légendes de la vallée de Bethmale et nous n’avons pas la prétention d’avoir LES véritables. Voici celles que nous racontons à qui nous les demande :

La légende des sabots de Bethmale

L’action se passe au Moyen-Age, alors que la vallée de Bethmale était envahie par les Maures, tout comme le reste de la région. Ici comme ailleurs, les femmes, les enfants et les plus âgés étaient restés dans les villages, sous le joug de l’occupant, tandis que les hommes valides s’étaient réfugiés là-haut dans la montagne afin de préparer leur revanche. Le fils de Boabdil, le chef des Maures, était très beau et Esclarelys, une jeune bergère, tomba amoureuse. Arriva ce qu’il devait arriver…
Il n’y aurait pas eu d’histoire si Esclarelys n’avait pas été déjà fiancée à un berger ! Celui-ci, apprenant son infortune, se mit à sculpter une paire de sabots à la pointe très effilée, sous les moqueries de ses camarades qui lui demandaient ce qu’il comptait en faire. Ruminant sa sourde vengeance, il leur répondait patiemment d’attendre, de retourner à leurs exercices d’entraînement, et leur disait qu’ils auraient prochainement la réponse.
Une nuit, profitant de l’affaiblissement des Maures, les hommes descendirent dans la vallée et massacrèrent tous les envahisseurs. Au petit matin, ils défilèrent dans la vallée avec à leur tête le berger. Il était chaussé de ses sabots au bout desquels deux cœurs sanguinolents étaient accrochés. A qui lui demandaient la signification de ceci, il répondait : « Voyez demoiselles ce qui vous arrivera si vous êtes infidèles ! » car il s’agissait des cœurs d’Escalrelys et de son amant.
Depuis ce temps, au moment des fiançailles, le fiancé offre à sa promise une paire de sabots à longue pointe qu’il a amoureusement sculptée, et en retour, elle lui remet un gilet brodé qu’elle a confectionné. On dit que plus la pointe est longue, plus l’amour est grand…

Note : certaines femmes bethmalaises présentent des caractères physiques proches des mauresques

La légende du costume de Bethmale

Cette légende est aussi appelée légende de Jouanissou. Cet homme, originaire de la vallée, est parti en voyage en Orient, en Grèce notamment. Il en est revenu avec de nombreuses femmes très belles et de somptueux costumes. A l’occasion de son rétablissement dans la vallée, il a fondé la Citadelle, lieu connu aujourd’hui sous le nom de Villargein. Par la suite, les habitants ont adopté leurs manières de se vêtir.

Note : certains disent que la « bareta » portée par les hommes ressemble à une barque phénicienne à l’envers

La légende de « Peyra quilhada »

C’est l’histoire de ce menhir (pierre levée, en gascon) qui s’élevait pour permettre aux enfants qui grimpaient dessus d’attraper les cerises des arbres voisins.

La légende de « Bramevaque »

Un jour, une jeune fille arriva dans la vallée et elle grimpa à travers les prés jusqu’au château abandonné de « Bramevaque » (vache qui meugle, en gascon). Elle frappa à la porte et réveilla le dragon qui habitait ces lieux. Il l’accueilla en ces termes :

« Qui es-tu et que fais-tu ici ? N’as-tu donc point peur de moi ?
Ne t’a-t-on pas prévenu que j’étais ici ? »

« Je suis la descendante des seigneurs du château, tes maîtres qui t’ont demandé de veiller sur leur trésor jusqu’à leur retour. Je viens en leur nom, chercher ce trésor. », lui répondi-elle.
« Soit, je te le donnerai si tu acceptes de me donner un baiser. »

A l’idée de devoir embrasser le dragon, la jeune fille fut épouvantée, elle devint livide et ses cheveux virèrent au blanc. Elle s’enfuit à toute allure en criant. On ne la revit jamais, ni les descendants des seigneurs. Le château retrouva sa tranquilité et le dragon se rendormit.

Note : le château de Bramevaque est aujourd’hui caché derrière les arbres, il n’en reste qu’une tour dangereusement instable et les pierres de ses remparts ont servi à la construction des granges alentours.

L’arbre rond et ses « hadas »

Fameux hêtre de forme ronde, il a poussé en soulane (au soleil) alors qu’il fait partie des essences dites d’ombre. On raconte que les « hadas » (fées) habitent autour de l’arbre et qu’elles ne sortent que les nuits de pleine lune. Elles renseignent alors les bergers et les agriculteurs sur les meilleures dates de montée en estive, de semailles ou de récolte.

Note: l’arbre rond est accessible par des sentiers balisés au départ d’Aret et de Villargein (d’où une piste y monte aussi).