L’architecture et le bâti traditionnel

L’habitat

La vallée est aujourd’hui composée de deux communes : la commune de Bethmale avec pour villages Ayet et Samortein et la commune d’Arrien en Bethmale qui comprend quatre villages : Arrien, Villargein, Aret et Tournac.

Jusqu’en 1931, il n’y avait qu’une seule commune dans la vallée. Tous les villages se situent sur la soulane à une altitude comprise entre 600 et 850 m. Seul le village de Tournac fait exception à la règle car il se trouve en fond de vallée, cela pouvant s’expliquer par son origine plus récente.

Les villages sont composés d’un bâti très dense et regroupé sur un faible espace le long de quelques courbes de niveau. Cette organisation traduit le souhait de consacrer le maximum de foncier à l’agriculture. Les maisons sont étagées de part et d’autre de la rue principale. Les îlots sont ensuite desservis par des ruelles étroites ou des « carreres » très pentues.

Le bâti de la vallée est aussi fortement marqué par les granges étables qui parsèment les parcelles. D’origine également très ancienne (elles sont fréquemment mentionnées dans des textes médiévaux), leur but est d’éviter de pénibles transports de foin et de constituer  dans les prés éloignés des réserves de fourrage que le bétail va consommer sur place.

Les différents types de l’architecture traditionnelle reflètent la structure climatique, topographique, économique et sociale du village. Ils sont également intimement liés à l’organisation des terroirs et constituent le résumé des aspects de la vie rurale.

Maison paysanne

Cette maison correspondait à une population de petits exploitants vivant dans un système économique fermé. Elle était basée sur la combinaison de l’élevage et de la polyculture et tenait à abriter sous le même toit tous les biens de la famille. Afin de limiter les terrassements, la surface au sol était réduite. Construite en maçonnerie de pierres, la maison bloc regroupait à l’origine : le petit bétail, les denrées non périssables et l’outillage au rez de chaussée, l’habitation à l’étage, un comble pour le stockage des récoltes de grains, fruits et légumes. Le fenil était rejeté dans un bâtiment annexe. Quand l’étable devenait trop exiguë, le troupeau grandissant était installé dans les granges. Non soumises à la distinction de l’orientation, ces dernières se mêleront sans grand ordre autour des maisons dont le rez de chaussée deviendra habitable.

L’implantation est majoritairement perpendiculaire aux courbes de niveau et orientée vers le sud. La façade s’ouvre en pignon, la ligne de faîtage suit le sens de la pente.

Les toitures des habitations sont le plus souvent à deux pentes, quelquefois traitées avec une croupe, pan coupé qui avance en pignon et recouvre une partie du balcon. Le balcon peut également se trouver le long de la façade principale. Il prend alors l’aspect d’une galerie de bois abritée par le prolongement de la toiture. Les fenêtres et les portes sont plus hautes que larges, à encadrement de bois, quelquefois en pierres taillées. Les portes et les volets sont réalisés en menuiserie pleine.

Les maisons modestes n’étaient en général pas enduites, au contraire des plus cossues. Dans ce cas, les enduits sont à la chaux, de teinte plutôt claire, gris ou ocre.

Granges

Elles sont constituées par la superposition de l’étable en maçonnerie de pierre (qui n’était jamais enduite), partiellement enterrée, au rez de chaussée, surmontée du fenil sous la toiture. Les pignons sont obturés par des bardages de planches disjointes verticales permettant la ventilation du fenil. Les granges implantées en dehors du village étaient construites perpendiculairement à la pente. Cela pour permettre un accès de plein pied à l’étage, par l’arrière de la grange, ce qui permet d’engranger le foin plus facilement. Cette simplicité de conception de l’habitat a permis de nombreuses adaptations notamment lorsque les habitants ont été confrontés à un essor démographique exceptionnel (transformation de grange en habitation).

Matériaux de construction

Les maisons et les granges sont construites avec les pierres trouvées sur place, nous trouvons donc principalement du gneiss et du schiste.

Pour la charpente on utilisait en majorité du frêne que l’on avait aussi sur place.

La couverture traditionnelle est l’ardoise naturelle non calibrée posée au clou et à pureaux dégressifs. Au 19éme siècle, celle-ci a succédé au chaume dont l’usage a diminué avec le recul de la culture du seigle. A cette époque, l’ardoise est abondante dans presque toute la montagne grâce aux affleurements de schiste et s’est donc substituée au chaume. Les habitants de la vallée s’approvisionnaient aux ardoisières de la Bellongue, surtout celle de Saint Lary. Il fallait deux journées et une paire de bœufs solides pour ramener de quoi couvrir un toit.

Ce matériau est encore aujourd’hui un des principaux traits identitaires de l’architecture du Couserans. Il revêt de plus une valeur culturelle et exprime un savoir-faire en voie de disparition.

De la construction à l’abandon et à la rénovation

Les granges et les maisons des jeunes étaient construites selon le système des corvées, après le travail, famille et voisins donnaient un coup de main et le travail avançait vite, tout cela à charge de revanche bien sur. Ce système dura jusque dans les années 1920. Le besoin en granges et habitations nouvelles ne se faisait plus sentir et il suffisait alors d’entretenir les bâtiments existants.

L’exode rural du milieu du 20ème siècle, a modifié ce système et l’entretien fini par faire défaut. Les problèmes d’indivision sur ces bâtiments rendent aujourd’hui difficile les travaux d’entretien et même la vente. Une bonne partie du patrimoine bethmalais est ainsi voué à disparaître.